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Les Voyages d'Hachiko
14 décembre 2008

10 septembre

Photos

Beaucoup à dire sur cette journée qui restera gravée dans nos mémoires ! Grand Canyon National Park auquel nous décernons la médaille d'Or !

Arrivés un peu en avance à l'aéroport du parc, nous décollerons finalement une heure plus tôt que prévu, et heureusement !

A peine pesés comme de vulgaires paquets, on nous embarque dans une salle obscure dans laquelle nous devons écouter attentivement les consignes de sécurité :

- en cas de crash dans l'eau, ne pas oublier de sortir de dessous son siège le joli gilet de sauvetage jaune fluo, le déplier (dans le calme et sans paniquer), penser à détacher les harnais qui nous retiennent au siège, enfiler le gilet, l'attacher convenablement et attendre d'être à l'extérieur de l'hélico pour le gonfler. Si le gonflage automatique ne fonctionne pas, il faudra le gonfler soi même avec soin.
Inutile de rappeler que le seul et unique cours d'eau du Grand Canyon ne représente même pas 1/10 de la surface du Canyon et que sa profondeur ne doit guère permettre un amerrissage en douceur...

- en cas de crash sur l'une des innombrables montagnes ou dans l'une des encore plus innombrables crevasses, et bin... pas d'chance !

- enfin dernier point très important et pas des moindres, pour la sécurité du pilote, si vous voulez vomir, vomissez... là d'dans ! (petit sachet en papier à votre disposition).

"Question !" (comme dirait Fabrizio...) : est-ce Walt Disney qui a écrit le story board des consignes de sécurité ?

Enfin bon, on a écouté bien sagement les consignes et maintenant on attend dans la salle d'attente, face aux hélicos. Mon estomac commence à se nouer et je ne sais pas si je pourrai attendre d'être dans l'hélico pour utiliser leur petit sac.

Et puis on entend "Ca miaule and Iladie ?" (comprendre Samuel et Elodie). Merde ! C'est déjà nous !! Et nous voilà partis ! Par chance je monte à l'avant à coté de la pilote. Vue assurée et aux premières loges en cas de crash ! Je me sens de plus en plus mal, Ca miaule est derrière, mais harnachée comme je suis j'arrive à peine à me retourner pour l'apercevoir. J'aurais bien voulu lui tenir la main... et si je prends la main de la pilote, pas sûre qu'elle soit très très contente... Je m'accroche à tout ce que je peux. Et on attend, on attend, scotchés au sol, les hélices tournent et on a l'impression d'être assis sur une machine à laver mode essorage... Je me sens de plus en plus mal, j'ai l'impression que mon cœur, ou mon estomac, ou même les deux en même temps vont exploser.

Le mec au sol avec son casque sur les oreilles lève son pouce : "OK"... on se croirait dans un film, comme au départ de Top Gun... sauf que moi chui ni Maverick, ni Goose (enfin ca j'espère !).

Ca y est on se soulève, les vibrations cessent plus ou moins mais on tangue, comme une feuille de papier qui tombe au sol... à droite, à gauche... et je vois le sol sous mes pieds qui s'éloigne, j'vais vomir ! C'est sûr ! Je VAIS vomir... Nan ressaisis toi, tu ne peux pas vomir !! La honte ! Allez on se détend, on prend de l'altitude, c'est presque comme en parapente, c'est cool... on prend de la vitesse et on s'éloigne au dessus des forêts. Les hélices font un boucan du tonnerre, mais la gentille pilote nous met de la musique relaxante dans le casque.

On survole toujours les forêts, les petits chemins, pas vraiment haut, mais suffisamment pour croire que les arbres sont des touffes d'herbe. J'ai l'impression que ca fait déjà plus de 30 minutes qu'on vole alors que je commence tout doucement à me détendre. Les forêts sont plates, et on se demande bien si la nana ne s'est pas gourée... et tout à coup, le choc ! Un gouffre immense apparait sous nos pieds, sans prévenir. Le bord du précipice est couvert d'arbres et tout s'arrête net avec le trou. Une altitude qui devient d'un coup vertigineuse. La nana coupe la musique et nous envoie une bande audio explicative sur la formation des roches. Entre la peur et l'impression d'hallucination, pas vraiment de place pour me concentrer sur les explications données en ricain. Le paysage est époustouflant, mais quelques petites gouttelettes viennent s'éparpiller sur le... pare-brise ? La nana prend un virage d'un coup, mon cœur se soulève, ca donne l'impression qu'on tombe... puis redresse l'appareil... "On va rentrer, pour des raisons de sécurité nous ne pouvons pas rester s'il pleut".
De retour à l'aéroport tous les hélicos sont cloués au sol. Si on n'avait pas décollé une heure plus tôt que prévu, on n'aurait pas eu le temps de décoller tout court.

On reprend la voiture direction South Rim et le Visitor Center. Un point de vue super sympa. On se fait prendre en photo. Et la porte à droite, ca mène à quoi ? On entre et là c'est fabuleux. Une immense baie vitrée offre un point de vue à couper le souffle. Sur 180° quasiment on ne voit que les crevasses et les pics du Grand Canyon. La chose la plus gigantesque, la plus belle et la plus irréelle que j'ai jamais vue ! Jamais on ne pourrait imaginer voir un tel spectacle. Je reste face à cette..."chose" immense devant moi, je ne peux plus regarder autre chose. Et je sens quelqu'un à coté de moi, qui ne bouge pas non plus. Au bout d'un moment je le regarde. Un grand homme aux cheveux blancs, très maigre, très ridé, ses deux mains décharnées et tachées posées sur sa canne. Une femme assez âgée qui semble être sa fille le tient par le bras. Son regard très bleu semble noyé dans le canyon. Et quelque chose me pince le cœur. A même pas 28 ans j'ai la chance de voir cette merveille. Lui il aura sans doute attendu toute sa vie pour voir ca... avant de partir… Ca doit faire quelque chose...

Bref, nous partons ensuite pour la Desert View Drive, une belle route d'environ 40 km qui offre de très nombreux points de vue sur le Canyon. On s'arrête près des Hawk watchers (http://www.hawkwatch.org/home/index.php?option=com_content&task=view&id=75&Itemid=35), deux gars, Mike et Jordan, qui observent les aigles et autres petits rapaces. Malgré leurs petites pancartes rouges accrochées dans les buissons, on doit être les seuls de la journée à s'aventurer au bord de la falaise pour voir ce que fabriquent ces deux là et leur chien loup. Leur but : promouvoir la sauvegarde de la faune sauvage. Ils étudient les migrations de ces drôles d'oiseaux et nous expliquent que contrairement à d'habitude, s'il y a un vent de folie sur les hauteurs du canyon, c'est simplement dû aux tempêtes qui sont en train de s'abattre sur les Etats-Unis. Quant aux pancartes visibles à certains spots, elles sont à prendre au sérieux : Ne pas jeter des pièces de monnaie dans le canyon (ni ailleurs d'ailleurs!). Des aigles meurent empoisonnés par les métaux ingérés. Un petit lien pour voir de superbes photos : http://www.hawkwatcher.com/ 

Enfin nous voilà au dernier point de vue, le Desert View Point et sa Watchtower. Et là on est des dizaines à attendre le couché du soleil. Une madame tellement "émotionnée" en tombe dans les pommes devant nous.
Finalement on quitte le point de vue grillagé, on contourne la barrière et on descend sur une roche qui s'avance dans le canyon. On s'assoit, au calme, et au froid, et on attend. Les roches changent de couleur au fur et à mesure que le soleil décline, un oiseau passe. C'est le calme total. On n'entend même pas la foule au dessus de nous qui bataille pour s'approcher au mieux de la barrière et prendre LA photo.

Et on repart avec des images magnifiques gravées en tête. Mais après un spectacle aussi grandiose, retour à la pire des réalités : Tuba City ou Bidonville city ! La ville la plus sinistre que nous ayons vue ! Chiens errants à tous les coins de rue, pick-up défoncés et seule attraction de la "ville" : le KFC et sa bonne odeur de friture climatisée. Notre petite madame (le GPS) ne connait pas notre hôtel. Intéressant... et pour cause ! On arrive sur un terrain défoncé devant de hauts grillages tout aussi défoncés. Voilà le parking. En face de nous se dresse un bâtiment qui n'est pas sans rappeler une sorte de Prison Break abandonnée.

La tenancière de l'établissement, une sorte de Ténardière nous vocifère qu'à 5 minutes près elle allait faire sauter notre réservation (qui soit-dit en passant était hors de prix pour un taudis pareil). Un peu étonnée... je regarde l'horloge, sur laquelle une feuille de papier est collée : "Watch out of order". Ok super... What time is it ? 09:30 pm ?!!!! Et merde ! On a oublié le décalage horaire ! Bizarrement, au sein d'un même état, une partie des terres a conservé un horaire différent de l'horaire pacifique... Pourquoi faire simple...

Bref, nous voilà dans notre cellule-chambre, aux murs en briques apparentes repeintes de blanc (un peu comme dans le garage d'Hélène et les garçons), j'ose à peine entre-ouvrir le store recouvert de poussière (que je ne pourrai jamais refermer) et la prise télé est tellement défoncée qu'elle laisse apparaitre la chambre d'a coté.
Un petit tour dans la chose nous permet de voir que grâce aux fuites du toit la terrasse s'est transformée en piscine (un véritable 3 étoiles!) et la pièce "douches-wc-lavabo" commune ne comporte aucune porte. J'ai bien dit aucune : pas de porte qui donne sur le couloir, et pas de porte non plus qui ferme les douches. On ouvre un premier rideau douche qui donne sur un minuscule espace "déshabillage", puis derrière le deuxième rideau douche, le bac à douche. Ca miaule monte la garde dans le couloir tandis que je tente un lavage express sans lumière, et sans eau chaude. Je voulais du roots ?! Je suis servie !
On ouvre ensuite les draps, et là on prie pour que le cheveu appartienne à la conchita qui a fait le lit le jour même...

On comprendra plus tard pourquoi il y a une sorte de mini kitchenette, une mini pièce commune et des gens connectés à internet sur leur laptop dans les couloirs… Ces gens là, très jeunes pour la plupart, nous ignorent totalement… et cela fait partie du règlement ! En fait nous ne sommes pas dans un hôtel, mais dans une sorte de résidence étudiante classe américaine, qui loue des chambres aux touristes lorsqu'il y en a des dispos. D'où le règlement : interdiction totale de contact entre itinérants et résidents. Pauv' gosses ! Ca me ferait mal de savoir que ma fille vit dans un truc pareil !
Finalement, avec la porte fermée à double tour, et toute enrubannée dans mes vêtements et mes capuches de manière à ne pas laisser un seul cm² de ma peau toucher les draps du lit, je finirai tout de même par m'endormir…

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